
Rafraîchir l’espace public avec l’eau non potable de la ville de Paris
Les villes denses et fortement minérales seront de plus en plus confrontées au phénomène des îlots de chaleurs. À Paris, les températures moyennes quotidiennes sont déjà régulièrement de 2°C à 3°C supérieures au reste de l’Ile de France. Cela peut atteindre en été des écarts de 10°C par rapport aux zones rurales voisines. Alors qu’on annonce d’ici la fin du XXIe siècle une augmentation des températures moyennes quotidiennes de 2°C à 4°C, avec un nombre croissant d’épisodes caniculaires, une adaptation du territoire parisien aux enjeux climatiques se fait pressante. Il s’agit de penser dès aujourd’hui de nouveaux moyens pour rafraîchir l’espace public.
La Ville de Paris comporte une spécificité qui pourrait constituer une réponse : le réseau d’eau non potable. Ce dernier, conçu au milieu du XIXème siècle pour l’arrosage des espace verts et le nettoyage de la voirie, tire son eau du Canal de l’Ourcq et de la Seine. L’infrastructure composée du réseau et d’usines de dégrillage permet de produire une eau moins chère et moins énergivore que l’eau potable. Dès lors comment rafraîchir l’espace public à partir d’une eau non potable en respectant les normes sanitaires ?

Pour y répondre, nous avons imaginé un principe de bouche de rafraîchissement. Comme les bouches d’arrosage ou de lavage présentes dans la rue, la bouche de rafraîchissement Aéro-Seine est connectée au réseau d’eau non potable et se met en marche en période de forte chaleur. Le dispositif fonctionne par débordement. Une fois ouverte, l’eau monte et se répand sur une surface constituée d’un matériau poreux. Ce dernier permet d’augmenter la surface de contact entre l’eau et l’air, et ainsi de contribuer à rafraîchir l’air ambiant.

Le dispositif a été complété par des marquages au sol imaginés lors d’ateliers avec les enfants du quartier de la rue Blanchard.
La réalisation du projet de réaménagement de la rue a été accompagnée par une série de prises de température par les chercheurs de la DPE (Département de la Propreté et de l’Eau).
Projet lauréat FAIRE design 2018.
Commanditaire : Ville de Paris / Pavillon de l'Arsenal
Équipe : Isabelle Daëron, Studio Idaë (Pauline Avrillon), Bureau d'études OGI (Philippe Carton, Laurent Straboni, Julien Obry).
Avec la participation des services de la Ville de Paris (DPE, DVD, DEVE, Eau de Paris), la Mairie du 20ème arrondissement, la Mission locale ainsi que par des chercheurs de la DPE. Crédits photo : Pierre L’Excellent
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